Côlon - La dysbiose intestinale

Après avoir découvert le rôle essentiel du côlon sur notre équilibre nerveux, notre humeur, notre immunité et notre vitalité, voici maintenant un volet sur les pathologies qui peuvent mettre à mal son efficacité et à terme, présenter un danger pour l'ensemble de notre santé.

Dans un premier temps, nous allons nous intéresser à une pathologie majeure du côlon : les dysbioses. Ce mot ne vous est peut-être pas familier, et cela est bien normal. De quoi s'agit-il ?

Les dysbioses sont les dérèglements de la flore intestinale. Elles résultent de causes diverses, qui se déclinent en deux types : l’excès ou le défaut de bactéries, eux-mêmes se déclinant en de nombreuses variables.

La fréquence des selles est généralement considérée comme le meilleur thermomètre d’une bonne ou mauvaise santé. Or, il n’en est rien car la qualité doit s’ajouter à la quantité, ce qui nous renvoie une fois encore à la question de l’équilibre intestinal tel qu’il est présent dans la flore. S’il est possible d’opérer une classification en fonction de ce qui dépend de votre volonté et de ce qui n’en dépend pas, nous procèderons plutôt de manière brève mais en tentant d’être exhaustifs.

Du défaut à la dysbiose :

Manquer de bactéries vous rend plus faible. C’est une chose exacte qui mérite quelques explications. Les sociétés occidentales, fières des progrès alimentaires qu’elles ont provoqués, ne cessent de limiter les fibres alimentaires. Pourtant essentielles au transit et au processus digestif – comme nous aurons l’occasion de le voir à 
travers le cas de la diverticulose –, ces fibres non transformées par les enzymes se font de plus en plus difficiles à trouver. Cette véritable carence explique l’une des raisons de la dysbiose.

Les infections, qui voient l’émergence d’embryons infectieux dans votre microbiote intestinal, alors même que le rôle de ce dernier est de vous protéger des microbes étrangers, laissent filtrer des sources néfastes comme les levures (surtout les candida albicans). Un tel déséquilibre, issu d’une carence en microbes sains et d’un surplus de germes 
infectieux, est l’un des fondements de la dysbiose.

L’absence de bactéries est enfin le fait de traitements médicamenteux qui, même s’ils font taire une maladie, troublent la flore intestinale. Aussi, éteindre un symptôme suite à l’absorption d’un médicament a un grand potentiel pour en rallumer un nouveau. Si une comparaison entre médicaments et drogues fait sens, tous deux provoquant les mêmes symptômes, il est cependant capital de distinguer les causes liées à la dysbiose. En effet, certaines causes sont dites iatrogènes. Elles se réfèrent à la sainte parole du médecin qui, loin de s’intéresser au processus et aux conséquences d’une guérison, désire toucher la cible, c’est-à-dire l’organe malade.

En prescrivant par exemple un antibiotique, il y a de fortes chances que la cible soit atteinte et vos éventuelles douleurs dissipées, mais votre flore réagira négativement. En effet, l’arrivée d’un intrus mettra à mal l’équilibre du microbiote. D’ailleurs, l’usage d’antibiotiques, de plus en plus courant dans les  recommandations des médecins, semble une erreur : évitant toute (apparente) prise de risques, ce type de médicaments ne distingue pas une origine virale d’une source bactérienne. De plus, certaines bactéries se sont renforcées suite à la prise d’antibiotiques, de telle sorte que l’opposition qu’elles proposent est désormais plus forte, ce qui explique les prescriptions d’antibiotiques à large spectre.

Ensuite, les drogues et l’automédication conduisent aussi à la dysbiose. De fait, des médicaments tels que les antidépresseurs ou les somnifères visent un but (apaiser la dépression, favoriser un sommeil profond) en délaissant totalement le reste. Enfin, certaines solutions médicales nécessaires – comme la chimiothérapie – permettent la destruction des tumeurs cancéreuses, seulement elles abîment le microbiote. Les causes iatrogènes et médicamenteuses ont des répercussions sur votre flore intestinale :
si elles se traduisent ordinairement par des diarrhées et des ballonnements, elles peuvent conduire à la dysbiose, ce qui est nettement plus problématique.

La dernière cause repose sur les irritations de l’organe, entraînant la création de gaz et de levures. Ces dernières se fixent sur les parois intestinales et nuisent à l’étape de l’assimilation tout en voyant l’émergence de toxines d’habitude canalisées par 
un microbiote intestinal équilibré. Allant de pair, c’est tout le processus qui se trouve enrayé : l’harmonie opérée entre les bactéries de fermentation d’une part et de putréfaction d’autre part ne fonctionne plus, si bien que la dysbiose dérègle totalement le fragile équilibre de votre flore intestinale. Par conséquent, les bactéries de putréfaction 
théoriquement éjectées par le côlon demeurent et se multiplient.

Du surplus à la dysbiose :

Parallèlement, il existe nombre de dysfonctionnement causés par un excès de bactéries. Le processus digestif n’agit alors pas bien, ce que souligne le Small Intestinal 
Bacterial Overgrowth (SIBO) : les bactéries théoriquement rencontrées dans le gros intestin se trouvent cette fois-ci dans l’étape précédente, c’est-à-dire dans l’intestin grêle. Si le côlon est le lieu de prolifération habituel des bactéries, l’intestin grêle ne l’est pas, signe d’une anomalie.

Rappelez-vous que l’estomac est l’organe qui sécrète l’acide chlorhydrique pour assainir le chyme. Or, dans le cas du SIBO, il est fréquent que cet acide ne remplisse plus ses fonctions, laissant ainsi filtrer des compléments habituellement réduits ou stoppés. Toutefois, c’est bien le problème des sucres qui semble central au regard des excès de bactéries dans le côlon. Les bactéries de fermentation s’accompagnent fréquemment de levures, à la fois nécessaires en bonne quantité et dangereuses en abondance. La « flore fermentée » peut donc développer des anomalies telles que la profusion de levures et de bactéries de fermentation suite à l’absorption de sucres ou de fibres en trop grandes quantités. Or, le manque de fibres dans les aliments des pays occidentaux, depuis longtemps industrialisés, est également lié à ces dérèglements puisque, lorsqu’elles sont rares, des réactions anormales se 
produisent. A l’inverse, des aliments riches en protéines favorisent la multiplication de bactéries de putréfaction, engendrant une nouvelle anomalie, symptomatique d’un déséquilibre du microbiote.

Si les symptômes physiques sont multiples, les échappées de gaz sont vraisemblablement les plus fréquents, quand bien même leur odeur et leur intensité varient (voir troisième partie). Une distinction existe entre la dysbiose de fermentation et celle de putréfaction : la première donne des flatulences fréquentes, la seconde des gaz malodorants. Parallèlement, les fréquences et consistances des selles sont mouvantes. Les bactéries présentées influent largement sur ces variables si bien que des douleurs abdominales peuvent accompagner ces anomalies. En effet, ces bactéries et levures se trouvent principalement dans la portion droite du côlon, ce qui expliquerait des douleurs parfois ressenties dans la partie droite de l’abdomen.

Enfin, les dernières causes affectant un excès de bactéries sont dues à un mauvais découpage des aliments ou à une action enzymatique mineure.

Ainsi, le découpage des gros aliments se fait, comme vous l’avez lu, par la mastication qui – en plus d’imbiber les aliments d’amidon – divise un gros morceau en une foule de petits.

La conséquence directe de ce fractionnement est une action plus efficace des acides provenant de l’estomac (de type acide chlorhydrique).

La mastication permet également d’envoyer des messages aux étapes ultérieures de la digestion, par le biais des émetteurs se trouvant dans le tube digestif.

Vous l’aurez compris, une mauvaise 
mastication entraîne le passage d’aliments de taille trop importante pour une digestion saine, favorisant des dysbioses intestinales, qu’elles soient de fermentation ou de putréfaction.

C’est également l’action enzymatique et celle de l’acide chlorhydrique qui entrent en jeu par leur fonction à la fois antiseptique et 
« réductrice ». En cas de dysfonctionnement, la prolifération de bactéries entraîne une dysbiose.

Quels sont les 
symptômes développés ?

Si vous êtes frappé de dysbiose, les conséquences sont multiples. Déjà évoqués, les ballonnements et flatulences varient en fonction du type de bactéries et du microbiote de chacun. Allant de pair, les épisodes de diarrhées et de constipation sont légion et peuvent apparaître comme le syndrome du côlon irritable, qui sera étudié plus en détails. Toutefois, cela peut également appeler une déficience de la glande thyroïdienne.

Les crampes intestinales sont également une constante chez les personnes atteintes. Moins grave mais tout aussi significative, l’halitose touche généralement les personnes contractant une dysbiose : l’halitose est le simple fait d’avoir mauvaise haleine.

Toute dysbiose a également des répercussions sur le cerveau puisque le cortex dialogue intensément avec votre deuxième cerveau. C’est pourquoi des sentiments d’anxiété, de stress voire de dépression sont courants chez les personnes atteintes. Mais l’éternelle question visant à savoir quel cerveau influe sur l’autre se pose : seraient-ce les déséquilibres de la flore intestinale qui créeraient ces gênes psychologiques ou l’inverse ?

Enfin, les conséquences peuvent transparaître physiquement. C’est le cas de tous les symptômes dermatologiques comme l’urticaire, l’atopie ou l’eczéma (cf. allergies alimentaires). Les cas de dysbiose génèrent également des troubles immunitaires car vos défenses se trouvent alors moins solides. Par exemple, les bactéries créent moins de lactase (lactase-phlorizine hydrolase), essentielle à la digestion du lactose présent dans le lait. De même, elles vont produire moins d’acides gras à chaîne courte (Short Chain Fatty Acids), fondamentaux dans l’élimination des cellules cancéreuses, pour ne faire référence qu’à une seule de leurs fonctions. Le leaky gut syndrome (hyperperméabilité intestinale), qui fait de votre intestin une passoire, empêche les intestins de jouer leur rôle de bouclier et de sélecteur de ce qui est envoyé dans le sang. Toutefois, il s’agit là d’un autre facteur de troubles digestifs. La pluralité des cas jusqu’ici étudiés témoigne de régularités. C’est pourquoi la diverticulose et ses possibles complications (diverticulite), de même que d’autres dysfonctionnements vont à présent vous intéresser.

C'est ce que nous allons découvrir ensemble dans le prochain volet de ce dossier. Comme vous allez le voir, loin d'être restrictif, le côlon est un sujet passionnant, qui nous concerne pour tous les aspects de notre santé physique etpsychique. Rendez-vous donc sur ce quatrième volet désormais en ligne !