Vaccination obligatoire pour 11 vaccins

Petit tour d'horizon sur ce sujet délicat afin d'en savoir un peu plus et de se faire son avis.

Vaccins obligatoires : ces médecins généralistes qui s'y opposent. Un collectif de médecins généralistes qui vaccinent leurs patients s'opposent au passage de 3 à 11 vaccins obligatoires pour les nourrissons. Ils nous expliquent en quoi cette mesure est inutile, voire dangereuse pour la santé et les droits des patients. 

Comment cela se passe-t-il en France, lorsque des médecins généralistes expriment leur opposition au passage de 3 à 11 vaccins obligatoires pour les nourrissons ? Les médecins qui « jettent le trouble » au sujet des vaccins « qui sauvent des vies » pourront être poursuivis « s’ils n’adoptent pas une attitude conforme aux données de la science ou s’ils mettent en danger les patients ». Telle est la mise en garde du Dr Patrick Bouet, président du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), quand « Le généraliste », un magazine destiné aux professionnels, lui demande si les médecins peuvent exprimer ouvertement leur opposition à l’extension de l’obligation vaccinale. « Quelles que soient  les convictions personnelles d’un professionnel, il se doit de protéger ceux qui l’entourent. Il n’y a pas de débat ». Des propos fermes, menaçants même dans cette interview du 8 novembre, dont on ne saisit pas clairement s’ils s’adressent aux « anti-vaccins » ou aux « anti-obligation vaccinale ».

« Pas de débat » ? Toutes les positions contre l’extension de l’obligation vaccinale sont-elles infondées ? Loin des shows des anti-vaccins relayés à coups de conférence de presse par certains professeurs de médecine, un collectif de médecins généralistes qui vaccinent leurs patients, s’oppose aux 11 vaccins obligatoires. Leur argumentation a de quoi nourrir un débat scientifique et déontologique important, alors que 41% des Français se méfient aujourd’hui des vaccins. Ils l’ont d’ailleurs livrée aux députés, le 16 octobre, dans une lettre ouverte* leur demandant, dans sa conclusion, que l’obligation ne soit pas votée et qu’elle « puisse être examinée par les parlementaires, vaccin par vaccin, et en s’appuyant sur une expertise indépendante ».  

Très peu d’écho au réquisitoire de ces généralistes, si l’on considère la petite dizaine de réponses que ces derniers ont reçue. Sans autre débat que celui sur l’aluminium vaccinal, l’article 34 du Projet de loi financement de la sécurité sociale a été voté fin octobre à l’Assemblée nationale (par 63 voix contre 3) et le 17 novembre au Sénat (par 322 voix contre 19). L’obligation vaccinale des nourrissons (nés à partir du 1er janvier 2018) s’élargira donc aux vaccins contre  la coqueluche, l’Haemophilus influenza B, et l’hépatite B, (regroupés en un seul vaccin avec les valences obligatoires : diphtérie, tétanos, polio), le pneumocoque (Prevenar 13, du laboratoire Pfizer), la rougeole, les oreillons et  la rubéole (vaccin combiné), et le méningocoque C.

L'obligation, c'est quand on sait qu'on ne peut plus convaincre personne !

« Coincé aujourd’hui entre le dogmatisme institutionnel et la vaste cohorte complotiste, il est très compliqué de dire : je ne suis pas contre les vaccins, mais je suis contre la manière dont l’Etat gère ce problème », explique Christian Lehmann,  généraliste, écrivain et blogueur, signataire de la lettre ouverte.  Ce qui l’a décidé à exprimer ouvertement son opposition ? L'idée que l'obligation vaccinale va « rendre la confiance aux Français », selon les termes de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. « De l’obligation naîtra la confiance ? On n’est pas dans l’univers d’Orwell !  Quand je dis à de jeunes parents que l’obligation vaccinale concerne les bébés nés à partir du 1er janvier 2018, ils ont l’impression d’échapper à un grave danger ! », explique le généraliste, qui poursuit :  « L'obligation, c'est quand on sait qu'on ne peut plus convaincre personne. Dans nos cabinets, nous sommes dans une démarche de conviction positive et progressive des parents. Je n'ai pas besoin de l'obligation pour vacciner les patients. »

Avec ses confrères, le Dr Christian Lehmann fait porter la responsabilité de la méfiance des Français aux gouvernements successifs : « D’abord, par la gestion absolument catastrophique de la fausse pandémie H1N1 de 2009, qui a évincé les médecins traitants, a fait peur aux gens pour rien, et les a fait reculer par rapport aux vaccins. Puis par un épisode, qui explique en partie un léger abaissement du nombre des vaccinations : les ruptures de stocks durables de vaccins usuels et quotidiens depuis 2015, du fait de l’incapacité totale des agences de santé et du gouvernement d’imposer aux fabricants une production qui ne soit pas à flux tendu. » 

Le discours officiel sur les vaccins est simpliste

S’ils constatent un « infléchissement de la confiance », ces généralistes contestent (données épidémiologiques à l’appui) la baisse de la couverture vaccinale  invoquée par les voix officielles pour légitimer l’obligation vaccinale. Ils réfutent aussi la valeur d’exemple de la rougeole, dont les épidémies résurgentes ont constamment été mises en avant pour justifier l’obligation vaccinale. « Le discours officiel est resté centré sur un schéma très simpliste, aujourd’hui intégré par presque tous les médecins et la population : “Les vaccins protègent. Si on augmente la couverture, on éradique la maladie.” Si le vaccin contre la rougeole est celui sur lequel ce principe s’applique le plus (parce que son efficacité reste assez constante dans le temps), c’est plutôt une exception à la règle », explique le Dr Claudina Michal-Teitelbaum, signataire de la lettre ouverte. Depuis qu’elle travaille en protection maternelle infantile, cette généraliste étudie le sujet des vaccins.

Quand on rend un vaccin universel, il faut tenir compte des effets secondaires

Avec ses confrères signataires, elle pointe 3 vaccins parmi les 11 qui deviendront obligatoires : ceux contre l’hépatite B, le méningocoque C, et le pneumocoque.  Soit parce que ces maladies font l’objet d’une prévention ciblée, soit parce qu’elles sont rares et bien contrôlées par la vaccination des populations à risque, ces médecins contestent le bénéfice de santé publique de l’obligation vaccinale. « Quand on rend un vaccin universel, il faut tenir compte des effets secondaires », explique le Dr Michal-Teitelbaum qui précise que dès lors que les vaccins seront obligatoires, la charge de l'indemnisation, en cas d'effets secondaires, reviendra intégralement à l'Etat.

Elle poursuit : « Quand une pathologie est très rare (120 cas par an en France pour le méningocoque C), il y a un risque sérieux que les effets secondaires, même rares, dépassent celui de la maladie. En Grande-Bretagne, où la fréquence des infections est plus élevée qu'en France, on vaccine les nourrissons depuis 1999 contre le méningocoque. La maladie n'a pas disparu et on a dû mettre en place un rappel à l’adolescence car la survenue des infections s’est déplacée dans l’âge. En augmentant le nombre de doses, on augmente aussi la survenue des effets secondaires », explique le Dr Michal-Teitelbaum. 

Cela n'a pas de sens de vacciner tous les nourrissons contre l'hépatite B

Quant à l’hépatite B, la généraliste explique que le virus ne circule pas parmi les enfants nés en France et que les populations à risque et les modes de transmission sont identifiés. Sachant que la durée de protection du vaccin « est toujours inconnue » pour une maladie (hépatite b aigüe) qui survient « vers l’âge de la quarantaine », le Dr Michal-Teitelbaum considère qu'il est inutile de vacciner tous les nourrissons :  « On prend le risque de provoquer chez eux des effets secondaires dans l’hypothèse très vague d’un bénéfice dans quarante ans ? Cela n'a pas de sens.»

Le vaccin contre le pneumocoque a provoqué une augmentation des infections

Autre problème : les stratégies de survie des bactéries visées par les vaccins. « La nature a horreur du vide. Quand le vaccin met la pression sur certaines souches de la bactérie, et les éjectent, d’autres prennent la place. Peu après le lancement du rappel contre le méningocoque C chez les ados en Grande-Bretagne, on a vu apparaître une flambée de méningocoques W qui a nécessité elle-même des campagnes de vaccination dans les collèges. »  C’est aussi le cas du vaccin contre le pneumocoque, une bactérie qui touche surtout « les enfants fragiles » (prématurés, maladies chroniques…). Son efficacité est très instable en raison du phénomène de remplacement des souches. Pire, depuis sa généralisation en 2006 (il était auparavant recommandé pour les groupes à risque) de nouvelles souches résistantes au vaccin (Prevenar 7) auraient provoqué une augmentation du nombre des infections dans l’ensemble de la population : « de 3800 à 5400 cas par an ». « On est passé au Prevenar 13 pour combattre les souches résistantes. Certes, les infections graves au pneumocoque ont diminué (surtout chez les moins de 2 ans), mais en 2014 cela semble s’être arrêté. Cela repart aujourd’hui à la hausse, c’est-à-dire quatre ans après la commercialisation du Prevenar 13. C’est à peu près le même timing que pour le Prevenar 7 », explique la généraliste qui déplore l’emprise de la logique commerciale des laboratoires qui conduit sans cesse à faire « reculer les limites » d’un produit.

« Alors que ces maladies provoquent de très rares cas ou décès et que le vaccin peut parfois aggraver les choses, en quoi est-il prioritaire, par rapport à d’autres questions de santé publique, d’exercer une telle contrainte sur des gens en bonne santé, sans leur laisser la possibilité d’utiliser leur discernement ? », s’interroge la généraliste.

Lire aussi. Vaccins obligatoires, aluminium : "Les hésitants vont devenir des opposants"

« Il s'en est fallu de peu pour que le Rotavirus se retrouve sur la liste!», lance le Dr Lehmann à propos du vaccin recommandé pour la gastro-entérite du nourrisson. Ce sont des effets secondaires graves spontanément notifiés qui ont interrompu le processus.  « Quelle va être la suite ? », s’interroge le Dr Michal-Teitelbaum. « Si on peut contraindre tout une population sur des arguments aussi faibles, aussi fragiles, on peut s’attendre un peu à tout, et pas seulement pour les vaccins. » Se discutait déjà, lors du vote au Sénat la semaine dernière, la nécessité d'augmenter la couverture du vaccin contre le papillomavirus (HPV) chez les adolescentes… Autre sujet de controverse..

Vaccin Gardasil : Le front de la critique (Paris Match | Publié le 10/04/2014 à 15h46 | Mis à jour le 10/04/2014 à 15h59 - Vanessa Boy-Landry)

Le vaccin Gardasil était à l’ordre du jour, mercredi dernier, de la conférence de presse organisée par Michèle Rivasi (Verts/ALE). Alors que vacciner pour prévenir du cancer du col de l’utérus reste recommandé en France, la députée européenne a rassemblé plusieurs voix qui en contestent l’efficacité et alertent sur le risque d’effets secondaires graves.

Le vaccin Gardasil, un scandale sanitaire international?  C’était la question soulevée lors de la conférence de presse initiée par Michèle Rivasi, mercredi dernier, qui en préambule précise qu’elle n’est « absolument pas anti-vaccin », mais souhaite « donner la parole à des lanceurs d’alerte et à des chercheurs sans conflits d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique » sur les risques potentiels graves du Gardasil. Bien que la balance bénéfice-risque du vaccin ne soit pas remise en cause par les autorités de santé dans le monde, la députée rappelle qu’il a cessé d’être recommandé au Japon en 2013 et retiré du calendrier vaccinal en Autriche, dès 2008, suite à des effets secondaires graves. La députée dit s’interroger sur la sécurité d’un produit dont la mise sur le marché a été précipitée tant aux Etats-Unis qu’en France, et dont l’efficacité, depuis 2007, ne cesse d’être contestée par plusieurs médecins et chercheurs dans le monde.

“ Quand les victimes déclarent des effets secondaires graves d'un vaccin, elles deviennent suspectes ”

Rappelant que plus deux millions de jeunes femmes sont aujourd’hui vaccinées en France, Michèle Rivasi se demande si François Hollande travaille pour l’intérêt public ou pour les laboratoires, quand celui-ci projette de doubler la couverture vaccinale chez les adolescentes afin « d’éradiquer la maladie », comme il l’a annoncé, début février, lors de sa présentation du plan cancer 2014.  Cette réhabilitation du vaccin, trois mois après la plainte au pénal de Marie-Océane, 18 ans, contre le laboratoire Sanofi, est un choc pour les familles des victimes qui souffrent d’un « déni sociétal ». « Il est temps de se faire reconnaître en tant que victimes par ces laboratoires de plus en plus puissants ! », lance, ému, le père de Marie-Océane, atteinte d’une encéphalomyélite aiguë disséminée (sclérose en plaques) suite à des injections de Gardasil. Bien que pour la première fois en France, l’expertise a révélé l’imputabilité du vaccin dans l’apparition de la maladie auto-immune, Sanofi ne l’entend pas de cette oreille et réfute la preuve scientifique. « Sera-t-on un jour informé loyalement des risques de ce vaccin ? Y aura-t-il une jurisprudence Gardasil ? », ajoute Maître Coubris, l’avocat de la famille, qui annonce 25 plaintes supplémentaires pour la fin du mois. « Quand les victimes osent déclarer les effets secondaires graves d’un vaccin, elles deviennent suspectes », s’indigne Mme Lochu, qui s’exprime en tant que « mère et soignante », et dont la fille Orianne, 24 ans, est atteinte d’une myofasciite à macrophages, une maladie dégénérative suspectée d’être induite par l’aluminium utilisé comme adjuvant, notamment dans le Gardasil. Des risques rares et méconnus dont la sous-notification est importante, tant en France (entre 1 et 10% des effets secondaires graves sont déclarés) qu’outre-Atlantique (moins de 10%).

Pour le neurologue Christopher Shaw (University of British Columbia), «des cas comme celui de Marie-Océane sont hélas de moins en moins rares». D’après le chercheur, les atteintes du système neurologique sont plus fréquentes avec le Gardasil qu’avec d’autres vaccins. A l’international, de forts soupçons pèsent sur l’innocuité de l’aluminium dans les vaccins. En France, l’ANSM participe depuis 2013 au financement d’une étude de l’Inserm (Henri Mondor) sur l’épineuse question de cet adjuvant. Avec le Pr Romain Gherardi, le Pr Jérôme Authier, du centre des maladies neuromusculaires (Henri Mondor), a démontré le lien entre l’aluminium vaccinal et la myofasciite à macrophages. « Ce n’est pas parce que l’on est vacciné qu’on développe la maladie », précise-t-il, mais on détecte la présence de cristaux d’aluminium (lésions dans le tissu musculaire) parfois des années après l’injection. On relève une persistance anormalement prolongée de ces lésions chez des gens qui souffrent de douleurs musculaires, articulaires, de troubles cognitifs, de sclérose en plaques. Le refus de prendre en compte ces pathologies, de faire le lien avec les vaccins, relève de la maltraitance pour les patients.

"Une généralisation du dépistage par frottis suffirait à faire chuter la mortalité de ce cancer”

Au-delà de ces risques encore méconnus et controversés, le Gardasil rend-il un service à la société en terme de santé publique? Est-il efficace? Pour les chercheurs réunis par la députée, les promesses des laboratoires sont loin d’être tenues. Promu comme étant efficace sur 70% des lésions responsables du cancer du col de l’utérus, il ne protège en fait que sur 16,9% des infections, et sur une durée inconnue, les femmes vaccinées avant le démarrage de leur vie sexuelle. Est-il utile? Le dépistage par frottis, qui reste recommandé par l’Ansm (Agence nationale de sécurité du médicament) en complément de la vaccination, évite 80% des cancers du col utérin. Or le risque est fort que les femmes ne se fassent plus dépister par frottis, une fois vaccinées. «Aujourd’hui, 50% des femmes ne se font pas dépister par frottis. Or, une généralisation de cette prévention suffirait à réduire la mortalité de 1 000 à 100 femmes par an», précise Serge Rader, pharmacien lanceur d’alerte. Alors que des doutes pèsent sur l’efficacité et l’innocuité du Gardasil, généraliser un vaccin à 120 euros la dose contre 15,40 pour le frottis, laisse à penser, ajoute-t-il, que « les intérêts financiers priment sur ceux de la santé publique ».

Autour de la table, plusieurs s’accordent à dire que le taux réel d’efficacité du vaccin est connu des autorités de santé. Pour la neurologue Lucija Tomljenovic (University of British Colombia), des dysfonctionnements (manque de moyens et de personnels) au sein de la FDA (Federal Drug Administration) ont pu constituer une source d’erreurs pour l’évaluation scientifique de ce vaccin dont la mise sur le marché a été accélérée (6 mois). «L’Agence américaine est la référence mondiale et les autorités de régulation continuent à perpétrer le message selon lequel le Gardasil va sauver des vies», ajoute-t-elle. «A la lumière de tous ces questionnements, il faut demander un moratoire et exiger des études indépendantes», conclut Michèle Rivasi. Alors que plus de 1000 professionnels de la santé en France réclament aujourd’hui la mise en place d’une mission parlementaire sur le Gardasil, le feu vert vient d’être donné par l’Europe à un schéma de vaccination en deux doses chez les enfants de 9 à 13 ans. Le Gardasil, une affaire à suivre... 

Pour le neurologue Christopher Shaw (University of British Columbia), «des cas comme celui de Marie-Océane sont hélas de moins en moins rares». D’après le chercheur, les atteintes du système neurologique sont plus fréquentes avec le Gardasil qu’avec d’autres vaccins. A l’international, de forts soupçons pèsent sur l’innocuité de l’aluminium dans les vaccins. En France, l’ANSM participe depuis 2013 au financement d’une étude de l’Inserm (Henri Mondor) sur l’épineuse question de cet adjuvant. Avec le Pr Romain Gherardi, le Pr Jérôme Authier, du centre des maladies neuromusculaires (Henri Mondor), a démontré le lien entre l’aluminium vaccinal et la myofasciite à macrophages. «Ce n’est pas parce que l’on est vacciné qu’on développe la maladie», précise-t-il, mais on détecte la présence de cristaux d’aluminium (lésions dans le tissu musculaire) parfois des années après l’injection. On relève une persistance anormalement prolongée de ces lésions chez des gens qui souffrent de douleurs musculaires, articulaires, de troubles cognitifs, de sclérose en plaques. Le refus de prendre en compte ces pathologies, de faire le lien avec les vaccins, relève de la maltraitance pour les patients.»

" Une généralisation du dépistage par frottis suffirait à faire chuter la mortalité de ce cancer ”.

Au-delà de ces risques encore méconnus et controversés, le Gardasil rend-il un service à la société en terme de santé publique? Est-il efficace? Pour les chercheurs réunis par la députée, les promesses des laboratoires sont loin d’être tenues. Promu comme étant efficace sur 70% des lésions responsables du cancer du col de l’utérus, il ne protège en fait que sur 16,9% des infections, et sur une durée inconnue, les femmes vaccinées avant le démarrage de leur vie sexuelle. Est-il utile? Le dépistage par frottis, qui reste recommandé par l’Ansm (Agence nationale de sécurité du médicament) en complément de la vaccination, évite 80% des cancers du col utérin. Or le risque est fort que les femmes ne se fassent plus dépister par frottis, une fois vaccinées. «Aujourd’hui, 50% des femmes ne se font pas dépister par frottis. Or, une généralisation de cette prévention suffirait à réduire la mortalité de 1 000 à 100 femmes par an», précise Serge Rader, pharmacien lanceur d’alerte. Alors que des doutes pèsent sur l’efficacité et l’innocuité du Gardasil, généraliser un vaccin à 120 euros la dose contre 15,40 pour le frottis, laisse à penser, ajoute-t-il, que «les intérêts financiers priment sur ceux de la santé publique».

Autour de la table, plusieurs s’accordent à dire que le taux réel d’efficacité du vaccin est connu des autorités de santé. Pour la neurologue Lucija Tomljenovic (University of British Colombia), des dysfonctionnements (manque de moyens et de personnels) au sein de la FDA (Federal Drug Administration) ont pu constituer une source d’erreurs pour l’évaluation scientifique de ce vaccin dont la mise sur le marché a été accélérée (6 mois). «L’Agence américaine est la référence mondiale et les autorités de régulation continuent à perpétrer le message selon lequel le Gardasil va sauver des vies», ajoute-t-elle. «A la lumière de tous ces questionnements, il faut demander un moratoire et exiger des études indépendantes», conclut Michèle Rivasi. Alors que plus de 1000 professionnels de la santé en France réclament aujourd’hui la mise en place d’une mission parlementaire sur le Gardasil, le feu vert vient d’être donné par l’Europe à un schéma de vaccination en deux doses chez les enfants de 9 à 13 ans. Le Gardasil, une affaire à suivre.